mardi 10 octobre 2017

Blouse un jour, blues toujours...




J'avais prévu un autre article dans lequel je vous racontais une rencontre surréaliste avec un médecin, mais ce dernier attendra (mais vous l'aurez c'est promis, ça serait égoïste de ma part de ne pas partager...) 

Bon avant toute chose sachez que je suis malade, rien de grave grosse sinusite et petite tension (la moitié de 18... ) Alors si mes phrases ne sont pas cohérentes ce n'est pas parce que JUL crie dans mes oreilles (pas de ça chez nous). 

Vous me connaissez j'anonymise tout, mais aujourd'hui je n'ai pas envie (enfin pas trop). C'est un article "mini coup de gueule" (si j'étais youtubeuse on pourrait dire que c'est putaclic... mais je ne suis pas youtubeuse, alors j'ai le droit). 

Depuis adolescente j'ai envie de rejoindre une association qui s'appelle :... (Ben non, on a dit qu'on anonymisait ! Ok alors c'est un nom de vêtement associé à une couleur... Quoi ? J'ai rien dit, c'est pas de ma faute si on trouve... ) Le principe est simple : se rendre à l'hôpital et animer pour sortir un peu du quotidien des blouses blanches. (Nom de vêtement coloré, blouses blanches tout ça, tout ça...) 

Je m'étais déjà beaucoup renseignée, et je savais que pour s'engager en tant que bénévole il fallait se rendre disponible une demi-journée par semaine, et ce pendant une année complète. Cela implique donc d'avoir dans son emploi du temps un jour fixe (oui il faut que ça soit toujours le même sinon ce n'est pas rigolo, pendant un an... Pas simple !) 
Jusqu'alors je savais que je ne pourrais pas tenir cet engagement, et comme je suis une gentille fille disciplinée je ne m'y suis pas risquée. (Y en a sûrement qui se serait posé moins de questions, après tout, ça reste du bénévolat...) 
Mais cette année, les choses sont différentes. Je vais quitter mon poste et me lancer dans la révision de mon concours. (Normalement si vous me lisez de temps en temps vous avez déjà eu l'information ! Et si tel n'est pas le cas, je redévelopperais dans le prochain article. Oui, celui avec le médecin marrant dont j'ai parlé en début d'article.) Bref, j'ai du temps (enfin pas plein plein, mais j'ai la possibilité de me réserver la demi-journée tant convoitée.) 
Je suis donc entrée en contact via mail avec l'association, je leur ai expliqué combien j'étais motivée. Pas de réponse. 
Une semaine plus tard, j'ai réitéré. (Je suis comme ça moi, je ne lâche rien... Enfin presque rien... Bon ok là c'était exceptionnel) Et là boom : deux réponses (les mêmes) d'un coup ! On me remerciait de l'intérêt porté à l'association, et me proposait de venir assister à une réunion d'information collective. 
Ni une ni deux je m'organise pour me libérer. (Forcément un lundi à 14h30, ça limite sûrement les candidats...) 

Je pars du travail à 13h30, légère et motivée. J'arrive au métro et là : Tadamdamdam (c'est la musique des transports pour annoncer un message, faut se l'imaginer quoi !) Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à une intrusion le trafic est interrompu. Suite à une intrusion le trafic est interrompu. (Intrusion c'est à dire ? Il y a eu deux attentats hier ! C'est une intrusion genre "File la caisse ?" ou "Genre je vais tous vous faire sauter ?" Hein dites c'est quoiiiiiiiiiii ????)

Tadamdamdam  (toujours la douce mélodie) : "Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à un acte de malveillance le trafic est interrompu pendant environ vingt minutes."
Bon ok, il faut savoir que dans nos transports le temps ne s'écoule pas de la même manière. Une minute ne fait JAMAIS  60 secondes, parfois une minute peut s'écouler en 4 minutes... En gros, s'il y a interruption, devenez Mac Gyver et trouvez une alternative. (Et on ne saura jamais ce qui se cache derrière "acte de malveillance" alors traçons notre chemin)

4 à 4 je remonte les escaliers du métro, je me dirige vers l'air frais. 13h50 (ça va le faire). Je marche seule (Dans les rues qui se donnent  Et la nuit me pardonne... Hum, hum). Ou plutôt j'erre seule car je ne sais absolument pas dans quelle fichue direction je dois me diriger. (Le sens de l'orientation n'a pas dû avoir le temps de se développer en 9 mois dans mon petit être) J'essaye donc d'appeler Monsieur Clochette (le GPS ayant décidé lui aussi de m'abandonner). Soudain un "Mademoiselle, mademoiselle"  m'interpelle. Je me retourne, personne. Je poursuis mon chemin (environ une demie seconde quoi !) 
"Mademoiselle, s'il vous plait, ne partez pas, là haut !" (Là haut ? Comment ça là haut ? )
J'ai levé la tête (ben ouais cette curiosité qui vous pousse à vérifier quelle espèce d'oiseau à appris la langue de Molière). Bon ben je vais vous décevoir mais point d'amas de plumes à parole, juste un gars au 4e étage. 
"Ah mademoiselle, je suis bloqué sur mon balcon. Ma voisine a les clés. Vous pouvez sonner chez elle à l'interphone?" (Bon en vrai avec le vent et le bruit des voitures ça donnait plutôt : "Made... Bloq... Balcon. Voisi...Cl... Sonner ???"
14h. Je suis large. Naaaan c'est la cata je suis déjà super en retard. Mais bon je ne me voyais pas lui dire :" Désolée Monsieur, j'ai un rendez-vous pour faire du bénévolat. Rendez-vous que j'attends depuis 10 ans. Bon courage !"  Du coup, je suis restée, j'ai hurlé qu'il me donne son nom et le nom de sa voisine. J'ai sonné. Attendu. Re sonné. Re Attendu. Re re sonné. Rien. Nada. Au bout de 5 minutes je retourne à l'extérieur pour établir un rapport au monsieur. Je lui propose de monter sonner directement chez la dame. Il me crie le code de l'ascenseur, puis le mime. (De grands moments). Entre-temps je croise une habitante de l'immeuble, un médecin. Je lui explique la situation pour qu'elle me laisse m'introduire dans le bâtiment. 
Elle : "Mais il a quel âge ce Monsieur ?"
Moi : " Je ne sais pas, une quarantaine, cinquantaine d'années je pense."
Elle : "On ben ça va, il est encore leste, il peut attendre un peu sur son balcon." (On ne va pas s'attarder sur cette réponse n'est-ce pas ? Non ce n'est pas la peine)
4e étage : Je sonne chez la dame. Rien. Je frappe. Rien. J'écoute à la porte : aucun bruit. J'alterne sonneries et frappes. Rien. 14h15. (Ok détente et relaxation. Pas de soucis. L'important c'est d'aider ton prochain. Tu expliqueras que tu es en retard parce qu'il y a eu un problème sur le métro et que tu as dû aider un inconnu bloqué sur son balcon au 4e étage...C'est crédible... Pourquoi pas le coup de la panne de réveil tant qu'on y est ???) 
Je redescends, explique la situation. Il me demande de réessayer à l'interphone. Je m'exécute. Et là !!!! RIEN. Je lui propose donc d'appeler les pompiers. Il décline et me dit qu'il va attendre qu'un voisin rentre, que ça finira par arriver (ah ben pour sûr !) 
14h20 : Avec tout ça, le métro doit fonctionner de nouveau. Je reviens sur mes pas et entre de nouveau dans la station. Un métro arrive : M.E.R-veilleux !
Je grimpe dedans... Une station. Deux stations. TADAMDAMDAM (aaarrrrghhh) Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à un problème technique, le trafic est interrompu pour 2 minutes. (120 secondes ? Vraiment ?) 
14h25 : ça va aller...ça va aller... nooooon ça va pas aller !!!
Bref, je suis arrivée à 14h29. (A l'heure donc, la prouesse). Et là je me suis dit : Et si le destin voulait me dire quelque chose ? Et puis je me suis dit que c'était peut être juste pour prouver ma motivation. Fuck le destin. (Note pour moi-même : avec le recul,  toujours faire confiance au destin, aux évènements... ça peut servir de ne pas lutter parfois.) 

J'ai assisté à la réunion. Des personnes sont arrivées encore plus en retard que moi (qui finalement n'étais pas en retard mais pile à l'heure). On a regardé un film sur le bénévolat, on a posé nos questions. Puis on nous a expliqué le processus de recrutement : 
- Assister à une information collective (ça c'était fait)
-Prendre rendez-vous pour un entretien particulier (sur des jours de semaine, une fois de plus)
-Remplir un certificat médical
-Assister à  3 jours complets de formation (Avec des dates imposées)
-Payer une cotisation prenant en charge la tenue, les formations et l'assurance (pas courant, mais pourquoi pas, ça vaut le coup)
Et à ce moment seulement on peut devenir un bénévole un vrai. (Ca en fait des étapes quand même !)

Je me suis donc lancée dans l'étape de l'entretien individuel. J'y suis allée détendue, avec mon petit papier bien rempli. 
On m'a installé. Et là... 

Lui : "Bonjour alors dites moi comment avez-vous trouvé notre réunion ?" 
Moi :" Sur internet, j'ai cherché comment entrer en contact avec vous et on m'a proposé de..."
Lui :"Non mais ça je me doute, comment hum... Qu'est-ce que... Vous en avez pensé quoi ?"
Moi :" Ah, excusez moi, je n'avais pas compris (bon ben ça il avait dû le deviner), et bien sympathique. L'idée de la vidéo est bonne. Elle permet une bonne projection et a renforcé ma motivation à m'engager auprès de votre association."
Lui :" Vous nous avez connu comment ?"
Moi : "Oula je ne sais plus. C'est quelque chose qui me tiens depuis le lycée. J'ai eu quelques problèmes de santé et l'hôpital est un lieu que je connais. Je sais l'importance des animations et ..."
Lui :"Vous avez eu ? Ou vous avez encore ?"
Moi: (Bon de toute façon y a certificat médical et un cathéter visible alors autant y aller hein...) J'ai..Enfin c'est stabilisé."
Lui :"Ok, mais ça veut dire que vous pouvez être hospitalisée ?"
Moi :" Non, enfin comme tout le monde. Des choses imprévues..."
Lui :"Ben non dans votre cas ça se prévoit !"
Moi :"Non. C'est comme tout un chacun, on ne sait pas toujours comme évoluent les choses. Mais je vais bien et j'ai mûrement réfléchis, je ne m'engage pas à la légère. Je sais que je peux le faire.'"
Lui :"Oui enfin niveau régularité... Vous savez Mademoiselle, il faut ouvrir les yeux, si on n'est pas capable... Il y a d'autres associations, mais je ne pense pas que le notre soit adaptée..."
Moi :"J'ai réfléchis. Je peux le faire."
Lui : "Allons, il y a des risques...Pour nous...Enfin pour vous... Les infections nosocomiales... Même parfois nous avec un rhume le médecin refuse, parce qu'à cause d'un seul patient...Enfin... Vous connaissez France bénévolat ?'
Moi :"Oui"
Lui : "Vous voulez leurs coordonnées ?"
Moi :"Non, je connais. J'ai déjà..." (J'ai envie de pleurer en fait mon gars, mais je vais me retenir et être polie.)
Lui :"Bon je vous rends votre fiche, contactez les ils auront sûrement plein de choses pour vous. Nous ne sommes pas la seule association hein. Allez ! La porte est derrière vous, je vous raccompagne car ce n'est pas toujours simple." 

Pas toujours simple de ? Trouver une porte ? Se prendre une veste ? S'entendre dire que la maladie chronique dérange sans même savoir de quoi il retourne ? Pas toujours simple de ne pas accepter l'investissement que la personne souhaite donner ? Pas toujours simple d'être dans une association pour personnes malades et de refuser l'aide d'une de ces dernières ? Pas toujours simple de dire clairement quand quand on est malade notre apport dans la société est plus que limité ? 
Est-ce que c'est ça qui n'est pas toujours simple ? Parce que là mon gars, ce n'est pas l'ouvre-porte mon plus gros soucis, c'est ce que tu viens de me dire. Les yeux je les ai ouvert il y a bien longtemps. Mon investissement associatif je l'ai mûri (10 ans c'est pas mal non ?) Quand je ne me sentais pas de le faire, je ne m'y suis pas engagée. Les associations je les ai étudiées et moi j'avais envie de faire partie de votre équipe. Parce que je pensais que ça correspondait à mes valeurs... Mais en fait, non. 
Alors peut être que l'intrusion, l'acte de malveillance dans le métro, le gars du balcon sur le 4étage, le problème technique, le tout concentré sur la demie-heure de trajet pour venir à votre rencontre la première fois, auraient dû m'alerter. Peut être que finalement quelqu'un quelque part voulait juste m'épargner ce que tu es en train de m'infliger : me rabaisser, remettre en cause ma capacité à aider les autres, me faire sentir ton manque de confiance, me faire sentir juste malade et pas suffisamment bien pour être dans vos équipes. Alors oui il y a deux écoles : ceux qui diront "Mais enfin c'est normal, ce n'était pas méchant, c'est pour toi. Tu imagines toutes les saloperies que tu peux chopper à l'hôpital ?" A ceux là je répondrais que je peux en chopper autant dans le métro, au travail, dans la vie en général. Que quand je vais en consultation à l'hôpital on ne se pose pas tant de questions. Et que finalement le problème principal (et j'en reste convaincue) n'était pas mon bien être mais les risques que cela faisait supporter à l'association, le risque d'absence (parce que c'est bien connu quand on n'est pas malade chronique la gastro, le rhume, n'existent pas), et donc le risque de réorganisation qui en découle. 
Et la seconde école, qui, comme moi, trouvera ça parfaitement immonde comme comportement. 

Bref, hier je me suis fait recalée pour être bénévole.










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