vendredi 3 novembre 2017

Une étoile de plus...




J'avais prévu un autre article, mais finalement dans la vie tout ne se passe pas comme on l'avait prévu n'est-ce pas ? Ce ne sera ni drôle, ni dans la veine de ce que vous pouvez lire habituellement. Mais ce qui s'est passé n'est pas habituel alors... J'ai le droit...

Mardi soir j'ai appris le décès d'une jeune fille avec qui je communiquais virtuellement. Nous étions sur le même groupe de soutien autour de la gastroparésie.
Elle avait 32 ans. 
Elle avait une gastroparésie. 
Maladie dont on n'entend jamais parlé, maladie silencieuse, maladie qu'elle ne supportait plus.
Elle a décidé de lâcher les armes, de ne plus se battre, de ne plus aller contre la nature. Difficile à entendre ? Injustice ? Colère ? Tristesse ? Amertume ? 
Un mélange de sentiments s'est succédé au fond de moi et persiste encore. Les larmes ont coulé, et elles coulent encore par moment.  

On ne pouvait pas se prétendre amies, ça serait mentir. On se connaissait, on se fréquentait, on partageait les mêmes problématiques, la douleur régulièrement, la fatigue parfois mais on se soutenait... souvent. 
En août, tu m'as envoyé un message privé. Je ne m'y attendais pas. Je me suis demandée : "Pourquoi moi ?" Est-ce que tu avais confiance ? Est-ce que tu te retrouvais dans certaines paroles ?
Tu m'as dit que tu n'en pouvais plus. Que tu pesais 27 kg. Que tu refusais désormais d'être "gavée". Que tu ne voulais plus les nausées, les vomissements. Que tu aimais "trop" la nourriture pour en être privée...toujours. 
Parce que la réalité est là. La nourriture c'est sacré et quand on en est privé on devient dingue. C'est une drogue, un besoin vital qui doit passer dans les veines. 
Alors oui, la nutrition artificielle est ce fil qui nous relie à la vie. Elle permet de vivre, ou de survivre pour certains. Mais elle ne remplacera pas le goût délicieux du chocolat qui se diffuse sur les papilles et descend le long de la gorge pour atteindre l'estomac. Manger ce n'est pas seulement se remplir pour avoir de l’énergie, c'est profiter, c'est partager avec notre entourage.
J'ai été la première à me priver pour quelques kilos que je trouvais superflus. J'ai été la première à me dire que ce pain au chocolat je ferais mieux de l'éviter. Et aujourd'hui ? Aujourd'hui je donnerais tout pour faire un repas sans avoir envie de vomir, sans souffrir. 
Parce que les gens ne voient pas toujours qu'il n'y a pas "que" les perfusions. Parce que la journée tu n'es reliée à rien et semble en excellente santé. Alors oui, je comprends ta lassitude.
Ce que je comprends moins, c'est l'abandon de la médecine. On t'a laissé t'éteindre de faim et de soif dans un abandon total de la part de cette médecine qui peut être parfois si formidable. Je trouve ça inhumain, une torture pure et dure. Alors comment ne pas réfléchir après ton départ ? Comment ne pas remettre en question ce qui nous entoure ? Comment ne pas remettre en question notre système ? La médecine est capable du meilleur comme du pire. 
Combien de personnes comme toi faudra t-il pour qu'enfin on puisse envisager ce gros mot qu'est l'euthanasie comme quelque chose d'acceptable ? Parce qu'en France on "pique" les animaux, pour ne pas qu'ils souffrent mais nous sommes incapable de l'entendre pour un humain. Parce qu'en France on préfère laisser mourir les gens dans la souffrance que de les aider à partir dignement. 
Alors oui je suis triste, pour toi, ta famille, tes proches mais je suis surtout en colère et dans un dégoût profond. 
Depuis que j'ai appris ton décès, je me demande si de mon côté j'ai fait suffisamment. Est-ce que tu es venue parler avec cette parfaite inconnue que j'étais pour te soulager, ou était-ce un ultime appel à l'aide ? 
Nous avons essayé de te convaincre que la vie valait la peine d'être vécue, mais tu étais déjà tellement décidée. Tu étais certaine de ton choix. Comment lutter ? Est-ce que nos mots pouvaient encore avoir un poids ? Est-ce que je dois me sentir coupable de ne pas avoir fait plus ? Est-ce que... ? Ces questions resteront sans réponse. Je ne saurais jamais ce que tu attendais de moi en venant me chercher. J'espère que "j'ai été" un espace d'expression. Une personne a qui tu as pu dire l'indicible. Parce qu'on ne peut pas dire à ses proches qu'on veut arrêter de vivre, c'est trop dur à porter. Mais à quelqu'un qui partage le même "combat" on peut plus facilement non ? 
J'ai de la chance d'être entourée, je ne le dirais jamais assez et je ne remercierais jamais assez mon homme, ma famille, mes ami(e)s. C'est grâce à eux que je remonte à chaque fois pendant les moments de découragement, d'envie de lâcher prise. Parce que parfois derrière le sourire qu'on affiche se cache la tristesse, la douleur, la fatigue. C'est une réalité. 
On m'a toujours dit " tu peux te laisser couler, mais au fond de la piscine le plus important est de pousser fort et de remonter à la surface".
Et si toi tu étais mieux au fond de la piscine ? Personne ne peut te juger. 

 Alors pour toi Anaëlle, on fera en sorte qu'un jour la médecine cesse d'errer, cesse de ne pas être présente pour tous, cesse de nous laisser nous débattre face aux problèmes et qu'elle devienne une échelle à poser dans cette fameuse piscine qui aidera le plus d'entre nous à refaire surface. C'est à ce jour tout ce que je peux espérer. 





mardi 10 octobre 2017

Blouse un jour, blues toujours...




J'avais prévu un autre article dans lequel je vous racontais une rencontre surréaliste avec un médecin, mais ce dernier attendra (mais vous l'aurez c'est promis, ça serait égoïste de ma part de ne pas partager...) 

Bon avant toute chose sachez que je suis malade, rien de grave grosse sinusite et petite tension (la moitié de 18... ) Alors si mes phrases ne sont pas cohérentes ce n'est pas parce que JUL crie dans mes oreilles (pas de ça chez nous). 

Vous me connaissez j'anonymise tout, mais aujourd'hui je n'ai pas envie (enfin pas trop). C'est un article "mini coup de gueule" (si j'étais youtubeuse on pourrait dire que c'est putaclic... mais je ne suis pas youtubeuse, alors j'ai le droit). 

Depuis adolescente j'ai envie de rejoindre une association qui s'appelle :... (Ben non, on a dit qu'on anonymisait ! Ok alors c'est un nom de vêtement associé à une couleur... Quoi ? J'ai rien dit, c'est pas de ma faute si on trouve... ) Le principe est simple : se rendre à l'hôpital et animer pour sortir un peu du quotidien des blouses blanches. (Nom de vêtement coloré, blouses blanches tout ça, tout ça...) 

Je m'étais déjà beaucoup renseignée, et je savais que pour s'engager en tant que bénévole il fallait se rendre disponible une demi-journée par semaine, et ce pendant une année complète. Cela implique donc d'avoir dans son emploi du temps un jour fixe (oui il faut que ça soit toujours le même sinon ce n'est pas rigolo, pendant un an... Pas simple !) 
Jusqu'alors je savais que je ne pourrais pas tenir cet engagement, et comme je suis une gentille fille disciplinée je ne m'y suis pas risquée. (Y en a sûrement qui se serait posé moins de questions, après tout, ça reste du bénévolat...) 
Mais cette année, les choses sont différentes. Je vais quitter mon poste et me lancer dans la révision de mon concours. (Normalement si vous me lisez de temps en temps vous avez déjà eu l'information ! Et si tel n'est pas le cas, je redévelopperais dans le prochain article. Oui, celui avec le médecin marrant dont j'ai parlé en début d'article.) Bref, j'ai du temps (enfin pas plein plein, mais j'ai la possibilité de me réserver la demi-journée tant convoitée.) 
Je suis donc entrée en contact via mail avec l'association, je leur ai expliqué combien j'étais motivée. Pas de réponse. 
Une semaine plus tard, j'ai réitéré. (Je suis comme ça moi, je ne lâche rien... Enfin presque rien... Bon ok là c'était exceptionnel) Et là boom : deux réponses (les mêmes) d'un coup ! On me remerciait de l'intérêt porté à l'association, et me proposait de venir assister à une réunion d'information collective. 
Ni une ni deux je m'organise pour me libérer. (Forcément un lundi à 14h30, ça limite sûrement les candidats...) 

Je pars du travail à 13h30, légère et motivée. J'arrive au métro et là : Tadamdamdam (c'est la musique des transports pour annoncer un message, faut se l'imaginer quoi !) Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à une intrusion le trafic est interrompu. Suite à une intrusion le trafic est interrompu. (Intrusion c'est à dire ? Il y a eu deux attentats hier ! C'est une intrusion genre "File la caisse ?" ou "Genre je vais tous vous faire sauter ?" Hein dites c'est quoiiiiiiiiiii ????)

Tadamdamdam  (toujours la douce mélodie) : "Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à un acte de malveillance le trafic est interrompu pendant environ vingt minutes."
Bon ok, il faut savoir que dans nos transports le temps ne s'écoule pas de la même manière. Une minute ne fait JAMAIS  60 secondes, parfois une minute peut s'écouler en 4 minutes... En gros, s'il y a interruption, devenez Mac Gyver et trouvez une alternative. (Et on ne saura jamais ce qui se cache derrière "acte de malveillance" alors traçons notre chemin)

4 à 4 je remonte les escaliers du métro, je me dirige vers l'air frais. 13h50 (ça va le faire). Je marche seule (Dans les rues qui se donnent  Et la nuit me pardonne... Hum, hum). Ou plutôt j'erre seule car je ne sais absolument pas dans quelle fichue direction je dois me diriger. (Le sens de l'orientation n'a pas dû avoir le temps de se développer en 9 mois dans mon petit être) J'essaye donc d'appeler Monsieur Clochette (le GPS ayant décidé lui aussi de m'abandonner). Soudain un "Mademoiselle, mademoiselle"  m'interpelle. Je me retourne, personne. Je poursuis mon chemin (environ une demie seconde quoi !) 
"Mademoiselle, s'il vous plait, ne partez pas, là haut !" (Là haut ? Comment ça là haut ? )
J'ai levé la tête (ben ouais cette curiosité qui vous pousse à vérifier quelle espèce d'oiseau à appris la langue de Molière). Bon ben je vais vous décevoir mais point d'amas de plumes à parole, juste un gars au 4e étage. 
"Ah mademoiselle, je suis bloqué sur mon balcon. Ma voisine a les clés. Vous pouvez sonner chez elle à l'interphone?" (Bon en vrai avec le vent et le bruit des voitures ça donnait plutôt : "Made... Bloq... Balcon. Voisi...Cl... Sonner ???"
14h. Je suis large. Naaaan c'est la cata je suis déjà super en retard. Mais bon je ne me voyais pas lui dire :" Désolée Monsieur, j'ai un rendez-vous pour faire du bénévolat. Rendez-vous que j'attends depuis 10 ans. Bon courage !"  Du coup, je suis restée, j'ai hurlé qu'il me donne son nom et le nom de sa voisine. J'ai sonné. Attendu. Re sonné. Re Attendu. Re re sonné. Rien. Nada. Au bout de 5 minutes je retourne à l'extérieur pour établir un rapport au monsieur. Je lui propose de monter sonner directement chez la dame. Il me crie le code de l'ascenseur, puis le mime. (De grands moments). Entre-temps je croise une habitante de l'immeuble, un médecin. Je lui explique la situation pour qu'elle me laisse m'introduire dans le bâtiment. 
Elle : "Mais il a quel âge ce Monsieur ?"
Moi : " Je ne sais pas, une quarantaine, cinquantaine d'années je pense."
Elle : "On ben ça va, il est encore leste, il peut attendre un peu sur son balcon." (On ne va pas s'attarder sur cette réponse n'est-ce pas ? Non ce n'est pas la peine)
4e étage : Je sonne chez la dame. Rien. Je frappe. Rien. J'écoute à la porte : aucun bruit. J'alterne sonneries et frappes. Rien. 14h15. (Ok détente et relaxation. Pas de soucis. L'important c'est d'aider ton prochain. Tu expliqueras que tu es en retard parce qu'il y a eu un problème sur le métro et que tu as dû aider un inconnu bloqué sur son balcon au 4e étage...C'est crédible... Pourquoi pas le coup de la panne de réveil tant qu'on y est ???) 
Je redescends, explique la situation. Il me demande de réessayer à l'interphone. Je m'exécute. Et là !!!! RIEN. Je lui propose donc d'appeler les pompiers. Il décline et me dit qu'il va attendre qu'un voisin rentre, que ça finira par arriver (ah ben pour sûr !) 
14h20 : Avec tout ça, le métro doit fonctionner de nouveau. Je reviens sur mes pas et entre de nouveau dans la station. Un métro arrive : M.E.R-veilleux !
Je grimpe dedans... Une station. Deux stations. TADAMDAMDAM (aaarrrrghhh) Mesdames et Messieurs votre attention s'il vous plait. Suite à un problème technique, le trafic est interrompu pour 2 minutes. (120 secondes ? Vraiment ?) 
14h25 : ça va aller...ça va aller... nooooon ça va pas aller !!!
Bref, je suis arrivée à 14h29. (A l'heure donc, la prouesse). Et là je me suis dit : Et si le destin voulait me dire quelque chose ? Et puis je me suis dit que c'était peut être juste pour prouver ma motivation. Fuck le destin. (Note pour moi-même : avec le recul,  toujours faire confiance au destin, aux évènements... ça peut servir de ne pas lutter parfois.) 

J'ai assisté à la réunion. Des personnes sont arrivées encore plus en retard que moi (qui finalement n'étais pas en retard mais pile à l'heure). On a regardé un film sur le bénévolat, on a posé nos questions. Puis on nous a expliqué le processus de recrutement : 
- Assister à une information collective (ça c'était fait)
-Prendre rendez-vous pour un entretien particulier (sur des jours de semaine, une fois de plus)
-Remplir un certificat médical
-Assister à  3 jours complets de formation (Avec des dates imposées)
-Payer une cotisation prenant en charge la tenue, les formations et l'assurance (pas courant, mais pourquoi pas, ça vaut le coup)
Et à ce moment seulement on peut devenir un bénévole un vrai. (Ca en fait des étapes quand même !)

Je me suis donc lancée dans l'étape de l'entretien individuel. J'y suis allée détendue, avec mon petit papier bien rempli. 
On m'a installé. Et là... 

Lui : "Bonjour alors dites moi comment avez-vous trouvé notre réunion ?" 
Moi :" Sur internet, j'ai cherché comment entrer en contact avec vous et on m'a proposé de..."
Lui :"Non mais ça je me doute, comment hum... Qu'est-ce que... Vous en avez pensé quoi ?"
Moi :" Ah, excusez moi, je n'avais pas compris (bon ben ça il avait dû le deviner), et bien sympathique. L'idée de la vidéo est bonne. Elle permet une bonne projection et a renforcé ma motivation à m'engager auprès de votre association."
Lui :" Vous nous avez connu comment ?"
Moi : "Oula je ne sais plus. C'est quelque chose qui me tiens depuis le lycée. J'ai eu quelques problèmes de santé et l'hôpital est un lieu que je connais. Je sais l'importance des animations et ..."
Lui :"Vous avez eu ? Ou vous avez encore ?"
Moi: (Bon de toute façon y a certificat médical et un cathéter visible alors autant y aller hein...) J'ai..Enfin c'est stabilisé."
Lui :"Ok, mais ça veut dire que vous pouvez être hospitalisée ?"
Moi :" Non, enfin comme tout le monde. Des choses imprévues..."
Lui :"Ben non dans votre cas ça se prévoit !"
Moi :"Non. C'est comme tout un chacun, on ne sait pas toujours comme évoluent les choses. Mais je vais bien et j'ai mûrement réfléchis, je ne m'engage pas à la légère. Je sais que je peux le faire.'"
Lui :"Oui enfin niveau régularité... Vous savez Mademoiselle, il faut ouvrir les yeux, si on n'est pas capable... Il y a d'autres associations, mais je ne pense pas que le notre soit adaptée..."
Moi :"J'ai réfléchis. Je peux le faire."
Lui : "Allons, il y a des risques...Pour nous...Enfin pour vous... Les infections nosocomiales... Même parfois nous avec un rhume le médecin refuse, parce qu'à cause d'un seul patient...Enfin... Vous connaissez France bénévolat ?'
Moi :"Oui"
Lui : "Vous voulez leurs coordonnées ?"
Moi :"Non, je connais. J'ai déjà..." (J'ai envie de pleurer en fait mon gars, mais je vais me retenir et être polie.)
Lui :"Bon je vous rends votre fiche, contactez les ils auront sûrement plein de choses pour vous. Nous ne sommes pas la seule association hein. Allez ! La porte est derrière vous, je vous raccompagne car ce n'est pas toujours simple." 

Pas toujours simple de ? Trouver une porte ? Se prendre une veste ? S'entendre dire que la maladie chronique dérange sans même savoir de quoi il retourne ? Pas toujours simple de ne pas accepter l'investissement que la personne souhaite donner ? Pas toujours simple d'être dans une association pour personnes malades et de refuser l'aide d'une de ces dernières ? Pas toujours simple de dire clairement quand quand on est malade notre apport dans la société est plus que limité ? 
Est-ce que c'est ça qui n'est pas toujours simple ? Parce que là mon gars, ce n'est pas l'ouvre-porte mon plus gros soucis, c'est ce que tu viens de me dire. Les yeux je les ai ouvert il y a bien longtemps. Mon investissement associatif je l'ai mûri (10 ans c'est pas mal non ?) Quand je ne me sentais pas de le faire, je ne m'y suis pas engagée. Les associations je les ai étudiées et moi j'avais envie de faire partie de votre équipe. Parce que je pensais que ça correspondait à mes valeurs... Mais en fait, non. 
Alors peut être que l'intrusion, l'acte de malveillance dans le métro, le gars du balcon sur le 4étage, le problème technique, le tout concentré sur la demie-heure de trajet pour venir à votre rencontre la première fois, auraient dû m'alerter. Peut être que finalement quelqu'un quelque part voulait juste m'épargner ce que tu es en train de m'infliger : me rabaisser, remettre en cause ma capacité à aider les autres, me faire sentir ton manque de confiance, me faire sentir juste malade et pas suffisamment bien pour être dans vos équipes. Alors oui il y a deux écoles : ceux qui diront "Mais enfin c'est normal, ce n'était pas méchant, c'est pour toi. Tu imagines toutes les saloperies que tu peux chopper à l'hôpital ?" A ceux là je répondrais que je peux en chopper autant dans le métro, au travail, dans la vie en général. Que quand je vais en consultation à l'hôpital on ne se pose pas tant de questions. Et que finalement le problème principal (et j'en reste convaincue) n'était pas mon bien être mais les risques que cela faisait supporter à l'association, le risque d'absence (parce que c'est bien connu quand on n'est pas malade chronique la gastro, le rhume, n'existent pas), et donc le risque de réorganisation qui en découle. 
Et la seconde école, qui, comme moi, trouvera ça parfaitement immonde comme comportement. 

Bref, hier je me suis fait recalée pour être bénévole.










dimanche 1 octobre 2017

Etre ou ne pas être... That la question !

 


Hey bonjour ! Je me disais que ça faisait un moment que je ne vous avais pas raconté ma vie. Alors aujourd'hui pas d'article drôle autour du handicap, ni de la santé. Pas d'article drôle d'ailleurs (je pourrais pousser à pas d'article mais bon du coup ça n'aurait plus aucun sens mon pauvre Monsieur !)

J'ai beaucoup travaillé cet été. 
Alors pour le commun des mortels peut être pas tant que ça, mais pour ma petite personne qui est sensée être à 28h/semaine et qui en a fait parfois 44 (par semaine hein toujours sinon y aurait arnaque.), ça fait beaucoup.
Un petit truc entre vous et moi (si si ça me fait plaisir et c'est gratuit), toujours parler avec la même unité, qu'elle soit de temps, de taille, de poids... Sinon il n'y a plus aucune logique dans la conversation. Un exemple ? (Je vous vois dire oui, ne nier pas) Si vous dites : "- Oulà tu as pris du poids non, un kilo ? Deux peut-être ?", et que la personne vous répond "- Pff, à peine 500..." ça peut choquer, alors que finalement cette dernière aura jugé plus simple d'évoquer son demi-kilo pris par le grammage... Bref j'ai fait 44 heures certaines semaines. )

Mais l'été à mon travail, à part une autre collègue, ben... c'était calme ! Je comprends qu'au mois d'août on préfère être au bord de la plage, au soleil, dormir le matin, mais là tout de même ! Plus un chat ! (Ceci est important pour la suite de mon histoire, vous le comprendrez... ou pas) 

Comme, quand même, le droit du travail existe, j'ai eu le droit à mes congés, mais en septembre. 
De retour de deux semaines de vacances, les gens vous redécouvrent. (Ou alors ils ne s’aperçoivent même pas de ton absence et là ... Ils te découvrent.) Et justement, c'est là le point tournant de notre article, la mise en exergue, le point stratégique bref le sujet dans toute son entièreté.  

Qui suis-je pour l'autre ? Existé-je vraiment ? (J'ai vérifié et même que ça se dit d'après le conjugeur.fr) Suis-je une simple entité physique ? Suis-je visible à l'autre ? Et je dirai même plus, suis-je visible à l'oeil nu pour l'autre ? (Ben on peut se poser la question quand même non ?)

Alors pourquoi un simple départ en vacances pose tant de questionnements ? Je vais vous raconter quelques anecdotes, à la suite, sans suite logique. Quelques anecdotes qui vous projetteront (je l'espère en tous cas car c'est le but), de mon quotidien de Clochette (j'ai failli rajouter sans défense mais bon faut pas pousser non plus...) Alors, Caroline, Grignotte et Benjamin, vous êtes prêts ? (Ceci est une référence à Père Castor... Pour les plus jeunes d'entre vous, ce "Monsieur" est comme son nom l'indique un Castor (oui l'animal), chaussé de lunettes rondes et vêtu d'un petit cachemire rouge et de son écharpe bleue en laine (Je pense que c'est de la laine, de l'acrylique au pire des cas mais sûrement pas de la soie... Il aurait trop froid et avec les enfants qui la triture sans cesse (l'écharpe hein toujours, on reste concentré !) elle n'aurait pas tenu le choc. Allez zou, je vous raconte. 

Histoire 1 : Le contrôle le plus inutile 

Je rentrais dans mon doux chez moi. Pour ce faire, j'emprunte les transports en commun. (Ouais encore eux !) Il arrive parfois que des contrôleurs soient présents. Ils se mettent généralement à la sortie des métros, dans les bus et trams par surprise. Ce qui est très intelligent d'ailleurs : ne pas se faire voir pour attraper le plus de fraudeurs possible (et j'applaudis cette idée). 
L'autre soir (donc celui où je rentrais dans mon doux chez moi), j'aperçois l'équipe de contrôleurs juste derrière l'entrée du métro. Bon je ne peux pas vous faire de dessin là tout de suite, mais... Imaginez la barrière où vous validé votre ticket et juste de l'autre côté (vous passez la porte et bam vous tombez dessus), les contrôleurs. Je ne suis pas douée dans le repérage dans l'espace, la stratégie, tout ça mais là clairement si tu avais envie de frauder ben... Tu ne le faisais pas ! (Ce qui en soi peut être une excellente technique : prévenir la fraude plutôt qu'en arriver à la répression). Mais là où je suis restée perplexe, où je me suis demandée dans quel monde parallèle je vivais, où je n'ai pu réprimer ce petit sourire (et même cette grosse marade) au fond de moi, c'est qu'à peine passé le portique, un contrôleur s'approche de moi et me demande... ma carte de transport ! Mais, mais, je viens de la passer sous vos yeux ? 
Alors j'ai regardé autour de moi, les 3 contrôleurs faisaient la barrière classique. Pas un des usager du métro ayant validé sous leurs yeux son titre de transport ne pouvait passer sans valider une seconde fois auprès du contrôleur. Et pendant un instant je me suis demandée si j'étais dans le même espace-temps que ces gens. Pour frauder, il n'y a pas mille solution. Les plus courantes sont : Passer en même temps qu'une personne honnête en bloquant les portes. Et là, ça sonne (parce que la barrière n'est pas faite pour ça et que ça la rend ronchon). Ou alors, une version plus sportive qui consiste à sauter par dessus le portique. Bref quelle que soit la solution retenue, elle ne passait pas inaperçue aux yeux des agents présents. 

Histoire 2 : L'appel sans suite (oui j'enchaine mais on fera une synthèse de tout ça à la fin, c'est un peu comme un corpus d'anecdotes si vous préférez..)

Au travail, (encore...) une collègue m'interpelle (pour rire). A cette collègue fait écho une seconde collègue (qui n'est personne d'autre que la responsable des ressources humaines). Madame RH serine "Clochette, ha clochette, clochette, clochette, venez..." Pour ne pas la laisser s'époumoner, je décide de me rendre devant son bureau. Elle me rejoint dans l'encadrement de la porte et me dit :
"Bonjour" 
Polie (enfin j'essaye parfois mais je dois avouer que parfois ça devient compliqué), je réponds ; "Bonjour" (Vous sentez toute l'intensité dans le dialogue ??)
Ce sur quoi, elle rétorque : "Bonjour" (Euh on ne l'a pas déjà dit ça ?) Pensant qu'elle n'avait pas entendu ma première salutation, et que cette réitération était la réponse à ce qu'elle avait pris (bien malencontreusement) comme une marque d'impolitesse, j'enchaine de nouveau sur un "Bonjour". (Si vraiment...) 

Un silence d'une demi-seconde. Des regards et j'entends sa voix me dire : "Oui ? Vous voulez quoi ?"
Mais, mais... c'est vous qui m'avez hélé dans les couloirs ! Je suis restée pantoise. 
Heureusement mon autre collègue qui avait entendu toute la scène, lui dit "Mais enfin, c'est vous qui l'avez appelé !" 
Amnésie ? Non ! C'est avec aplomb et droit dans les yeux qu'elle me dit "Non, c'est pas vous que j'ai appelé. Je voulais voir Clochette moi !" 
"Et bien oui je confirme, Clochette c'est moi" (comme depuis 2 ans que je travaille ici).  
'Ha ben non alors, ce n'était pas vous que je voulais voir... "

Voilà. Deux ans. Deux ans dans le même travail et on ne sait toujours pas qui je suis. Autre espace-temps ? Coincidence ? Je ne crois pas... 

Histoire 3 : Une place, une fonction (Alors celle-ci va en fait regrouper deux histoires qui sont sur le même thème, parce que c'est tout de même plus drôle)

Au travail (encore, encore)...  Dans mon bureau avec une collègue stagiaire. un logiciel dont j'avais besoin et que j'utilisais d'habitude sur mon ordinateur ne fonctionnait pas. Je me mets donc sur le second poste et laisse mon ordinateur à notre stagiaire. Un collègue entre, il se dirige droit sur la stagiaire (qui était donc à ma place) et commence à lui parler de comptabilité. Elle le regarde et lui dit qu'elle ne sait pas de quoi il parle. Il me regarde et lance "Ben et vous, vous êtes stagiaire non ? Donc vous ne saurez pas non plus !" Je lui explique gentiment que non je ne suis pas stagiaire, que les questions qu'il lui a posées,  il aurait dû me les poser à moi car j'étais directement concernée. Nous avons ensuite compris, qu'il n'avait absolument pas intégré le changement de place et qu'il pensait d'adresser à moi en s'adressant à la stagiaire (et vice-versa).
Depuis quand une place définie t-elle la fonction d'une personne ? Et pire, la personne en elle-même ? `
Histoire 3 bis : 

Au travail (encore, encore, encore)... Je m'étais installée dans le bureau de ma collègue qui était seule ce jour-là. Même service, un couloir d'écart et il est assez habituel que nous changions de place les unes et les autres pour nous regrouper et mieux affronter l'ennemi. (En fait on juste un peu sociable...) 
J'étais seule dans le bureau, à la place de notre ancienne stagiaire (oui toujours la même ) qui a terminé son contrat en juin. (Ca commence à faire du coup !) Un collègue qui avait l'habitude de travailler avec notre stagiaire mais qui ne me connait pas plus que ça, entre dans le bureau. En me voyant il affiche un large sourire et me lance : Oh mais tu es revenue !! C'est super ça, ça fait plaisir ! Mais depuis quand ?
Comprenant qu'il me confond allègrement avec mon ancienne collègue stagiaire (que j'apprécie beaucoup par ailleurs), j'entre dans son jeu et répond d'un laconique "Ben lundi". Et j'enchaine "Mais tu sais je n'ai eu que deux semaines de vacances, je ne suis pas partie si longtemps que ça" (comparé au mois de juin forcément...) 
Il me regarde perplexe et me dit "Ah bon ? Mais tu n'étais pas là cet été si ?" 
Avec amusement je rétorque "Ah si, tout l'été parce que mon job c'est quand même de m'occuper des départs en vacances alors c'est plus facile d'être là"

 L'espace d'un instant, j'ai imaginé que dans son cerveau, il se passait ça :


Après ce temps, qu'on appellerait en psychologie : temps "de sidération", il a fini par retrouver ses mots et me dire : "Ben en tous cas hein ça fait plaisir de te voir, allez salut !"

Voilà. Ensuite je suis restée en me demandant encore une fois dans quel monde j'évoluais. Partagée en l'envie de rire et de pleurer. Est-ce que ce moment était flatteur pour la collègue ? Car il ne feignait pas la joie, il était vraiment heureux de la revoir... Mais ce n'était pas elle ! 
Est-ce que je dois prendre pour moi le fait que l'on ne soit pas reconnu pour qui nous sommes, mais par la place que nous occupons ? 

Bonus : Le même jour deux collègues ne me parlant absolument jamais, m'ont demandé : "Et au fait tu finis quand ton contrat ?"
Qu'est-ce qui au bout de deux ans et aucune conversation, vous pousse à me poser cette question ? Et le jour où je vais partir, qu'est-ce que je vais dire ? "Alors merci à tous de n'avoir jamais retenu qui j'étais, de ne pas connaitre mon prénom, ni ce que j'aime faire dans la vie. Je sais que je ne vais pas vous manquer puisque que je sois présente ou non, pour vous, je ne suis jamais là. Bisous"

 Commentaire du corpus de texte : (Oui je vous l'avais dit, on ferait une synthèse générale à la fin. Bon on ne va pas se le cacher c'est le moment le plus pénible. Vous savez que dans mes articles j'essaye de mêler humour (j'essaye j'ai dit, j'ai jamais dit que c'était une réussite) et un poil de réflexion sur la fin... Ben là c'est le moment réflexion, si vous n'avez pas envie je vous fais des bisous et vous dis à un prochain article :) )

Que dire ? Les histoires parlent d'elles-même non ? 
J'avoue rester perplexe devant chacune d'entre elles. Un sentiment de tristesse m'envahit à chaque fois, avec ce questionnement "Mais qu'est-ce que je suis pour les autres ? Qu'est-ce que je représente ?" 
Deux ans dans le même établissement, avec une présence discrète mais réelle. Pourquoi est-ce qu'on ne connait toujours pas mon prénom ? Pourquoi on ne sait pas ce que je fais dans la vie ? 
Et ce mec ou cette femme qui me bouscule dans le métro, ou qui s'appuie sur moi comme si j'étais une barre d'accroche, est-ce qu'il me défini dans l'espace ? Est-ce que je suis visible pour lui ? Pourquoi certains jours, on a cette désagréable sensation d'être invisible pour tout le monde ? 
(Je n'attends pas de réponse hein ne vous inquiétez pas... c'est rhétorique) 

Parfois j'aimerais savoir ce que je représente pour chacun. Ce que les gens retiennent de moi quand je passe ou que j'échange avec eux. Est-ce que je suis juste une conversation de plus ? 

La question de ce qu'on représente pour l'autre est sensible et restera sans doute un des plus gros mystère de la vie. Mais au fait, vous êtes qui vous ?? 






mardi 15 août 2017

Ce qui nous gratte, nous rend plus fort





Alors non, je n'étais pas partie en vacances. J'ai juste du mal à coordonner ma vie en ce moment. (Ce qui est plutôt ballot pour une coordinatrice de métier...)

Donc depuis juin et ses rencontres étranges dans le métro, quoi de neuf ?
Pas grand chose écoutez, je suis mariée, je m'épanouie pleinement dans mon travail, je suis guérie et...Haha, nan je déconne !

Mon boulot m'épuise, je le déteste et rêve de changer (c'est prévu !), Môssieur Clochette est toujours à mes côtés (mais refuse de se marier) et sinon côté santé j'ai fait trois réactions allergiques à l'utilisation de ma deuxième bouche. (voilà, on y croit plus hein ?) 
Du coup je me suis dit que j'allais vous raconter un petit coup mes aventures hospitalières, parce que ça faisait longtemps... 

Première réaction allergique (que je ne savais même pas que c'était une réaction allergique...) :

Après-midi calme, dans mon appartement. J'avais mal et décide de me faire un anti-spasmodique via le cathéter pour soulager un peu. Je me branche tranquillement, commence à lancer le produit. (Je débloque la perfusion quoi, il n'y a aucune vertu thérapeutique à lancer le produit en l'air et le rattraper...) Je m'installe confortablement devant un film de haute culture (... Quoi ? Comment ça quel film ? Ca se passe loin, c'est sur le sport... c'est pas très utile de le savoir pour l'histoire, c'est... Bon ok c'était Rasta rocket, ça vous va ? Mais de toute façon je l'ai même pas vu au final alors, ça compte pas si ?) DONC, je m'installe, et commence à ressentir une sensation de chaleur, un malaise général. (Non ce n'est pas la ménopause...) Mon cou commence à me démanger, ma poitrine à me faire mal, (ma poitrine dans le sens : cage thoracique... je vous vois venir...) j'ai chaud, (oui je l'ai déjà dit mais manger un piment ne m'aurait pas mis dans pire état), ça gratte (oui je l'ai déjà dit mais du poil à gratter aurait été une vaste blague à côté), bref je me sens mal. Les démangeaisons s'étendent au cuir chevelu, au ventre, au bras, à la nuque, j'ai en plus une soudaine envie de vomir... 
Je rejette la faute sur l'anti-spasmodique, je sais que je ne le supporte pas toujours au mieux. Je clampe la perfusion, j'essaye de respirer et j'attends que ça passe... 
Au bout de quelques heures, le calme revient enfin dans mon corps... Les démangeaisons s'estompent, les nausées se calment... La tempête est passée. (Mais mon film complètement gâché, ils sont déjà médaillés, j'ai loupé la scène de l'oeuf et maintenant ça beug !)
Par acquis de conscience je préviens mon prestataire  et l'hôpital de cet épisode désagréable (ils m'ont dit de rafraichir la page internet pour débloquer le streaming...  Ils n'ont pas répondu car vendredi fin d'après-midi donc j'ai laissé un message.)
Dans le week-end j'ai retenté fébrilement un branchement avec le fameux médicament. Je n'étais pas seule, Môssieur Briochette veillait et pouvait réagir en cas de problème. 
RIEN. Il ne s'est RIEN passé. 
 Bref, personne n'a pu me donner d'explication et j'ai poursuivi ma vie comme si de rien n'était, bien heureuse que cette alerte ne soit que fausse, et de pouvoir encore supporter le seul médicament me soulageant à minima.

Un mois s'est écoulé.  (Bon on va passer rapidement en gros : boulot (beaucoup), branchements (parfois), dodo (parfois), douleurs (souvent) et on recommence...)

Un soir en rentrant du travail, je décide de me brancher avec le menu complet (médicament puis perfusion de nutrition quoi). Je prépare le matériel, je suis mon protocole, rince mon cathéter, connecte les tubulures et là... Une douleur et des bourdonnements me saisissent au niveau des oreilles, une vague de chaleur envahit mon visage et mon cou, démangeaisons, douleurs à la poitrine (la cage thoracique toujours...) Bref, je reconnais les symptômes. Je hèle môssieur briochette. Il me dit : " Ca ne va pas ?  Tu es toute rouge..." (Nan vraiment ??) 
Je lui réponds que je me sens mal, je tousse, j'ai mal, ça me gratte, j'ai mal, ça me gratte (je l'ai déjà dit ?)
On décide d'appeler le SAMU pour leur demander conseil. 
Bon ben ils nous ont conseillé d'envoyer les pompiers et une équipe... Et surtout ne faites pas d'effort. (Oh ben c'est con parce que justement j'avais prévu d'aller faire un jogging dans mon quartier...)
Les pompiers sont arrivés. Ils m'ont demandé mon âge, mon poids et c'est quoi sur le pied à perfusion, pouls, tension, ça gratte ? Vous êtes toujours rouge comme ça ? (Oui c'est mon fond de teint peau rouge version indienne, ça vous plait ?) Et le visage il est toujours enflé comme ça ? (Non les mecs, et les boutons là, je ne les ai pas non plus tout le temps...) 
Bref, le SAMU est arrivé. Le médecin m'a reposé les mêmes questions. Ils étaient tous très professionnels et gentils. Ca a fini avec injection d'anti allergique, et inhalation d'adrénaline. Puis direction les urgences pour une surveillance de 6 heures. (C'est obligé ? ... Bon ben vous vous doutez de la réponse...) Sur la route j'ai eu le droit à une invitation au bal des pompiers (à quelques jours du 14 juillet, forcément) et une évolution de carrière pour mon lapin, qui s'est vu proposé un poste de mascotte chez les pompiers. 
Soirée mouvementée aux urgences entre comas éthyliques (pas moi hein les autres), patients étoiles (je ne sais toujours pas de quoi il retourne mais en tous cas tout le personnel accourt dans le box, mains gantées et muscles sortis),  police par ci, pompiers par là... 
Pour ma part, remise de peine à 1h du matin. Plus de métro, pieds nus (oui Môssieur briochette m'avait bien ramené un pull, mes papiers, géré la crise à la perfection mais avait oublié que cendrillon avait aussi besoin de chaussures après minuit...). On m'organise un retour un ambulance. Deux mecs viennent me chercher. Ils me demandent si je peux marcher. Je leur répond qu'en temps normal oui mais que je suis pieds nus (même pas de surchaussures en papier quoi !) Visiblement ils ne voient pas le problème...
Je me retrouve dans l'ambulance. Avec un gars qui éteint toutes les lumières et commence à s'allonger. (euh je sais qu'il est une heure du matin et que c'est pas facile mais... Vraiment ?) 
Le trajet m'a paru durer une éternité (alors que je suis à tout casser à 10 minutes de l'hôpital).
Comble de malchance ma rue est à accès limité. Le chauffeur dit à son collègue : "Hé y a une borne". (Oh meeerde y a du scooootch on peut plus terroriser... (si vous n'avez pas la référence Gad elmaleh est une valeur sûre) 
Alors je sais aussi que les taxis, ambulances, pompiers, services d'urgences ont des badges universels d'accès (genre une clé magique qui ouvre toutes les bornes de la ville entière... ) Pas eux... 
Dormeur me lance : Bah c'est pas grave vous allez marcher ! (Je suis pieds nus mec, si je pouvais éviter de retourner aux urgences parce que je me suis ouvert le pied en pleine nuit dans la rue, ça m'arrangerait un peu...) Je rétorque donc que mon copain arrive (oui je l'ai prévenu sur la route) et qu'il va m'apporter des chaussures. 
Le gars me dit qu'ils n'ont pas le temps et que je peux commencer à descendre. 
Ma patience bien entamée, je décide d'arrêter là les frais, de descendre de l'ambulance et de commencer à rentrer (y en a plein qui marchent pieds nus et ils n'en sont pas morts... Si ?) 
Son collègue le chauffeur, un peu embêté (car il voulait sortir le brancard pour me rapprocher mais dormeur-grognon a refusé), propose de me raccompagner (bien aimable !) môssieur briochette nous a rejoint sur la route, j'ai pu enfiler ma paire de chaussures de verre et suis rentrée (enfin) me coucher. 

Le lendemain j'ai prévenu l'hôpital. On m'a demandé ce que j'avais passé dans la perfusion. J'ai répondu du sérum phy (de l'eau et du sel en somme...). On m'a dit que c'était impossible d'être allergique au sérum phy. 
Décision est prise d'organiser une hospitalisation de jour pour tester un branchement sous surveillance. 

A l'hôpital les infirmières étaient toutes tendues. Elles m'ont scopé, perfusé et avait l'air de prier pour que tout se passe bien. (Le choc allergique visiblement, elles n'avaient pas envie.)
On a attendu le médecin, (qui n'était pas le mien car période de vacances) pour faire le test. (Ah oui quand même). Et on a lancé une perfusion. RIEN. RIEN de RIEN. 
Le médecin m'a dit :
"Bon ben il se passe rien là." (Effectivement, mais 10 ans d'études pour le remarquer quand même...) 
"C'est bien ce qu'on disait on ne peut pas être allergique au sérum phy" (Mais je n'en n'ai jamais douté...) 
J'ai risqué un : "Mais à quoi du coup ?" 
"Non mais peut être que c'est le stress." (Hein ? What ?) 
"Le stress ? Mais je ne suis pas stressée pour me brancher, et pendant un mois ça n'a rien fait, et là bim sans raison ça recommence... Et le doc du SAMU a dit que c'était un choc anaphylactique (c'est pas facile comme mot en plus)"
"Oui ben vous voyez bien qu'il ne se passe rien. Donc peut être le stress, ou une bulle d'air, ou quelque chose qui s'est décroché à l'intérieur, ou un hasard..." (Ou les planètes mal alignées ? Le karma foireux ? La neige au Pakistan ?) 
"Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire ce qu'il s'est passé" (Ah ben voilà une explication bien plus crédible...)

Je suis donc ressortie, sans explication avec comme proposition de bien me détendre avant de me brancher pour ne pas être stressée... 

Un mois s'est écoulé (oui encore, coincidence troublante mais pourtant vraie...) (Bon on va passer rapidement en gros : boulot (beaucoup), branchements (parfois), dodo (parfois), douleurs (souvent) et on recommence...)

Un soir en rentrant du travail, je décide de me brancher avec le menu complet (médicament puis perfusion de nutrition quoi). Je prépare le matériel, je suis mon protocole, rince mon cathéter, connecte les tubulures et là... Une douleur et des bourdonnements me saisissent au niveau des oreilles, une vague de chaleur envahit mon visage et mon cou, démangeaisons, douleurs à la poitrine (la cage thoracique toujours...) Bref, je reconnais les symptômes. Je hèle môssieur briochette. Il me dit : " Ca ne va pas ?  Tu es toute rouge..." (Nan vraiment ??)
Je lui réponds que je me sens mal, je tousse, j'ai mal, ça me gratte, j'ai mal, ça me gratte (je l'ai déjà dit ?)
On décide d'appeler le SAMU pour leur demander conseil. 
Bon ben ils nous ont conseillé d'envoyer les pompiers et une équipe... Et surtout ne faites pas d'effort. (Oh ben c'est con parce que justement j'avais prévu d'aller faire un jogging dans mon quartier...)
Le SAMU est arrivé. Ils m'ont demandé mon âge, mon poids et c'est quoi sur le pied à perfusion, pouls, tension, ça gratte ? Vous êtes toujours rouge comme ça ? (Oui c'est mon fond de teint peau rouge version indienne, ça vous plait ?) Et le visage il est toujours enflé comme ça ? (Non les mecs, et les boutons là, je ne les ai pas non plus tout le temps...)  Les pompiers sont arrivés. Ils m'ont reposé les mêmes questions. (Ah oui vous avez déjà lu  ce passage mais ça s'est repassé exactement de la même manière que le mois précédent alors bon avec petite inversion dans l'ordre d'arrivée...)
Bon sauf que le médecin du SAMU était l'opposé de son collègue. Je m'en foutiste, ne prenant absolument pas au sérieux ce que je lui disais... Il a vaguement proposé une injection d'anti allergique en me disant "non mais je ne pense pas que ça soit allergique."... (Euh je suis couverte de plaques de boutons là, je suis rouge, enflée... Toi aussi tu penses que les planètes sont mal alignées ?) Il n'a même pas parlé aux pompiers et on est partit, direction les urgences, 6h... Vous connaissez. 
Aux urgences, ils ont pris les choses au sérieux, les pompiers ont dit que le médecin était un "con" (je cite c'est pas moi qui l'ai dit). Une infirmière m'a dit que "pour le bronzage je n'étais pas sur la bonne teinte" (si, elle était pas mal quand même, on la valide !) A force de me voir me gratter au sang (car c'est ce qui se passait) ils m'ont donné des médicaments pour l'allergie et ô miracle un quart d'heure plus tard tout se calmait... (Mais non vous avez raison, ce n'est sûrement pas allergique, juste une coincidence...Encore...) 
Ensuite place à l'observation de mon environnement : patients étoiles (encore eux. Du coup on en a déduit avec Môssieur briochette qu'il s'agissait des patients trop agités et qu'on attache (en étoile...) mais bon c'est pas sûr encore... Policiers... Patients impatients... 
Et ce petit duo de papy et mamie qui ne se connaissaient pas et que les urgences ont rapproché. 
Elle très élégante, lui sosie de Georges Wilson (dans Denis la Malice). Allez je vous illustre : 
 

Un papy et une mamie qui se croisent, se tournent un peu autour (si si ils se sont même demandés s ils étaient mariés et oh sans indiscrétion quel âge avez vous ? Que vous ne faites pas votre âge avec vos cheveux tout noir monsieur...moi je faisais 54kg. Aujourd'hui j en fais 67...mais vous n avez pas bougée madame...hihi...hoho)
Papy lui a proposé de l'emmener danser au bal. Mamie a répondu qu elle adorerait ça mais à Paris alors
Mamie a dit qu elle avait faim. Papy lui a dit : "Venez je vous emmène au Mac Do. Et là... :
Mamie :" Rooh le MacDo. Je n'y suis jamais allée et je pense que je n'irais jamais c'est trop tard maintenant. Vous connaissez vous ?"
Papy :"Oui avec les petits enfants, ça ne vous laisse pas le choix parfois..."
Mamie (sur un air de confidence) :" On m a dit qu il n y a pas d assiette là bas. Et que les sandwiches avaient plein de choses toutes mélangées. C'est vrai ? Oh ça ne me fait pas envie vous savez..."
Papy : "Oui c est vrai. Mais c'est surtout que 2h après vous avez faim avec ce bazar..."
Mamie : "Hihi. Ce sont de drôles de régimes n'est ce pas ?
Voilà... ils étaient mignons... Et Papy a dû changer de service... Tant pis pour le bal musette et le Mac do !

Je suis sortie à minuit avec mes chaussures (telle Cendrillon n'ayant pas dépassé l'heure critique ou telle la fille dont le copain a tellement l'habitude qu'il n'oublie plus rien)

Le lendemain j'ai appelé l'hôpital (qui était déjà au courant). On pense savoir quel produit me rend allergique (Youpi !) Pour confirmer il faut faire des tests (mais avec les vacances, ce n'est pas facile donc en attendant ne l'utilisez plus (oui c'est une idée !). J'ai osé me risquer à demander comment se déroulait le test, on m'a répondu qu'ils n'en n'avaient aucune idée (c'est honnête de le reconnaitre).

Bref j'ai fait 3 chocs allergiques en 3 mois...(ou alors une bulle d'air, ou alors le stress, ou alors les planètes, ou alors le karma... mais en tous cas soyez rassurés, le tout réagit aux antihistaminiques alors...)



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vendredi 2 juin 2017

Quand on veut, on peut !




Hey les gens ! Je suis certaine que vous avez déjà entendu un jour dans votre vie : "Nan mais tu sais (ouais prenez l'accent un peu pimbêche de la nana qui sait tout avec 2 neurones et demi... comment ça discrimination ? Pas du tout...), quand on veut hein, on peut ! C'est juste une question de volonté ! " Et là vous la regardiez de haut en bas avec une envie de l'égorger. Et puis finalement vous vous ravisiez, sans rien répondre, en lançant un simple sourire poli. (Vous la tenez bien la scène ?)
Alors ça peut être sur n'importe quel sujet, pas de brimade. Vous voulez quelques exemples ?
La perte de poids (si, si, tout est question de volonté, c'est bien connu on est tous égaux sur le sujet, même votre meilleure amie qui mange ses chips au nutella et qui pèse 40 kilos pour 1m70 alors que pour vous c'est pomme et eau... Question de volonté !), le sport (mais si voyons c'est juste une question de volonté, tes poumons n'ont rien à voir là dedans quand tu étouffes après trois foulées), les fringues (allons ! Ce sac Dior qui vaut un bras, c'est une juste une question de volonté pour l'avoir). Bref tous les sujets fonctionnent.
Mais là où personnellement ça m’irrite le plus, c'est quand on commence à attaquer ma volonté sur la santé. Tu ne manges pas ? Mais tu sais, si tu faisais un effort, quand on veut on peut ! Tu ne marches pas ? Mais tu sais, quand on veut on peut ! Et j'ai eu l'illustration parfaite de ces situations dans le métro il y a quelques semaines.
Dans une période bof bof de ma maladie, j'ai été obligé de revenir à mes vieux amours : j'ai nommé le fauteuil électrique.
Je partais au travail (tout est question de volonté), tranquillement et ne demandais rien à personne (j'insiste, écouteurs dans les oreilles, replis maximum, bref LAISSEZ MOI TRANQUILLE !). Après avoir bataillé férocement pour obtenir une place digne de ce nom (entre deux coudes et trois paires de fesses (bah c'est tout ce qu'on voit quand on fait la hauteur d'un enfant de 8 ans...Et encore c'est s'ils se tournent dans le bon sens... Bref on s'égare !) je pouvais enfin me délecter paisiblement de ce trajet fort agréable. Quand soudain (le fameux élément perturbateur que vous attendiez tous !) un homme d'une quarantaine d'années, un peu étrange, avec une canne, passe le long du métro. Il se retourne, fait marche arrière, glisse la tête entre les portes et me dit (Je ne vous tiens plus là hein ? Vous aimeriez bien savoir ?)

Bref ce matin, j'ai été à la sécurité sociale et... (Haha je vous ai bien eu ! allez je vais vous raconter la fin du boulet du métro avant d'entamer les boulets de l'administration, car oui aujourd'hui ce n'est pas un mais bien deux médailles de la boulette attitude que nous décernerons !)

Donc le gars me dit :
-Tu veux marcher ? (Je crois que c'est ce qu'il a dit, j'ai hésité entre tu marches ? Tu veux marcher ? Tu as marché ? Mais comme la réponse était la même je ne me suis pas attardée)
- Euh oui. (Oui j'avais prévenu la réponse était similaire hein et pas très développée. En même temps ce gars je ne le connais pas et moi on m'a dit de ne pas parler aux inconnus... C'est peut être des drogueurs !)
- SI tu veux marcher, tu peux. C'est question de volonté. (Ah oui j'ai pas dit il avait un fort accent africain, peut être même qu'il était vaudou allez savoir... J'avais un peu peur moi !) Tu prends un tapis de course, tu montes dessus et tu vas toujours tout droit. (J'aurais bien aimé lui demander où est-ce que je pouvais trouver un tapis qui n'allait pas tout droit, parce que bon c'est vrai qu'on a souvent ce problème là, c'est ennuyeux d'aller toujours tout droit sur un tapis...) Et tu remarcheras. C'est la volonté !
Je suis restée coite ! Je voulais demander son avis à ce gars qui a percuté un platane et qui se retrouve tétraplégique... Juste pour tester sa volonté de se mettre debout quoi ! Et puis aussi, j'avais super envie de me lever et de dire : C'est un miracle ! Mais bon les portes se sont fermées, on est repartit et puis entre les coudes et arrières-train j'avais pas la place. Dommage, le monsieur vaudou aurait sûrement été très fier de moi ! Mais bon comme j'avais la volonté, il a du le sentir un peu quand même.

Les jours ont passé, et mon état bof bof s'est empiré. Ce qui m'a conduit droit à l'arrêt maladie. (Plus assez de volonté pour travailler hein !). Comme je fais plein d'efforts pour garder une vie la plus normale possible (si je vous promets) ben j'ai essayé de faire un arrêt le plus court possible. Avant de poursuivre quelques précisions s'imposent.
Je suis en ALD (Je le sais parce que chaque année il faut la refaire et c'est pas facile !) ALD ne signifiant pas  Agent Loyal et Détendu mais bien Affection Longue Durée. En gros, t'es malade et on sait que ça va durer (sauf bien entendu si ta volonté refait surface !)
Lorsqu'on est en arrêt pour rhume, gastro ou varicelle (il parait que c'est de saison), il y a un truc qui se nomme "jour de carence" qui s'applique. En gros tu es malade une semaine, tu as 3 jours de carence, donc 3 jours où tu n'auras pas d’indemnités. Mais on m'avait dit : Ah nan mais en ALD tu n'as pas ces 3 jours de carence, si ça reste dans le cadre de ta maladie. (Logique !). Pour confirmer tout ça, j'ai googlisé et j'avais lu ça :


Un assuré est pour la 1ère fois en arrêt de travail pour une ALD du 10 au 30 janvier ;
Les 10, 11 et 12 janvier constituent le délai de carence ;
L’indemnisation ne débutera qu’à compter du 13 janvier ;
L’assuré est à nouveau en arrêt de travail pour la même ALD du 15 au 20 février ;
L’indemnisation débutera à compter du 15 février, sans délai de carence ;
 L’assuré est à nouveau en arrêt de travail pour la même ALD du 1er au 15 avril ;
L’indemnisation débutera à compter du 1er avril, sans délai de carence.
Donc si vous lisez bien comme moi, vous remarquerez que baaaamm plus de jours de carence. Voilà on peut continuer sur des bases saines.

Sachant cela et ne souhaitant pas abuser du système Français, j'ai dit à ma doctoresse qui voulait me faire un arrêt pour un mois d'un coup  : "Mais non parce que peut être que dans une semaine je pourrais retourner travailler (Vous remarquerez ici ma candide innocence )" Du coup on a convenu qu'elle me faisait un arrêt du lundi au dimanche. Et moi j'ai dit "Mais non parce que je travaille du lundi au jeudi alors je vais pas profiter, et puis comme je n'ai pas les 3 jours de carences ça ira ! (Candide innocence bis).
Sauf que la semaine suivante, j'étais toujours dans le même état d'épave. Je suis donc retournée voir mon médecin pleine d'optimisme et de volonté (en la suppliant de m'achever !). Elle a renouvelé l'arrêt.(Elle a refusé de m'éliminer) On a refait pareil du lundi au jeudi. Et ce, 3 semaines d'affilées. Finalement, en y repensant,  le mois ça aurait été sans doute plus pratique !

A la paye de mon travail ils n'étaient pas contents, pas contents, parce que ça leur compliquait les choses. Et moi j'étais fière de ne pas avoir creusé un peu plus le trou de la sécu.
Je suis retournée au travail, j'ai reçu ma fiche de paie imputée de 3 semaines de salaires en moins (car ils n'avancent pas les frais quand je suis absente). J'ai passé un bon et grand week-end de 4 jours et à mon retour j'avais une lettre de la sécurité sociale.
En l'ouvrant je me rends compte que ces bougres ont omis de retirer les 3 jours de carences. Sur 3 semaines je ne me retrouve donc qu'avec 1 seul jour de payé (Ben ouais y a eu des jours fériés en plus donc du mardi au jeudi, avec les 3 jours... Nada !)
Douce et docile, je me rends à la sécurité sociale avec tous mes papiers. C'est pas grave de toute façon, j'ai la preuve que j'ai déjà eu un arrêt dans l'année. C'est une erreur malencontreuse !
La dame me dit : Ah non mais faut prendre rendez-vous hein moi ça je ne peux pas gérer. (Voix de pimbêche, acte 2...) Et avec un peu de volonté ? Non toujours pas ?

Du  coup j'ai pris rendez-vous.  J'y suis retournée. J'ai pris mon ticket, j'ai attendu, on m'a appelé. Je me suis assise en face de cette dame qui avait l'air absolument Dé-bor-dée ! Et j'ai encore attendu. Elle m'a demandé ma carte vitale, je lui ai donné. Et j'ai attendu. Et elle m'a dit :
- Alors vous venez pour un problème d’indemnités journalières.
- Oui. En fait il y a eu une erreur. Je suis en ALD et...
-Ah non mais vous n'êtes pas en ALD.
- Si, si je vous assure.
-Non pas au niveau du travail.
-Euh, comment ça ? (Hum, intense comme conversation hein !)
- Vous avez un ticket exonérateur. Mais vous n'avez pas d'ALD pour le travail.

Bon ok Josette, va falloir mettre du tiens et m'expliquer. J'ai une ALD mais ce n'est pas la bonne c'est ça ? J'ai pas pris la bonne étiquette ? Quel est le problème ? Au fond de moi, je sentais que ce n'était pas bon et que j'allais bientôt m'asseoir sur mes jours de carence...

- Je vous explique (oui je veux bien parce que là c'est pas très très clair.) Pour avoir le droit à l'ALD qui permet de bénéficier de l'annulation des jours de carence, il faut avoir été au moins 6 mois en arrêt d'affilé.
-C'est une blague ?
- Ah non, non. (Josette, c'était rhétorique, je sais que ce n'est pas une blague... Malheureusement.)
- Donc vous êtes en train de me dire que je ne toucherais rien d'autre. Et que plus je me mets en arrêt longtemps et mieux c'est ?
- Oui c'est ça. (Et rien ne te choque Josette ?)
-Très bien. Donc on nous pousse à travailler le moins possible.
-Bon je vois que vous avez votre truc là (Là elle a fait un signe du menton vers mon broviac d'amour), si vous êtes fatiguée faut pas hésiter hein, si vous avez besoin de vous arrêtez faut pas faire de petits arrêts, un mois c'est bien par exemple.

Josette je ne réfléchis pas à poser mes vacances là, on parle d'arrêts contraints et forcés !

Bref je suis ressortie de là passablement énervée (je dois bien l'avouer). Josette n'y étant pour rien je n'ai pas passé mes nerfs dessus, mais mince quoi ! Je ne comprendrais jamais ce système.
Je l'ai déjà dit mais pour avoir le droit à une invalidité, il faut 6 mois d'arrêts également (remarquez on pourra faire d'une pierre deux coups hein !). Pour avoir le droit à l'ALD du travail (qui n'est donc pas la même que celle des soins, mais bon ça personne ne l'explique nul part) il faut s'arrêter la moitié de l'année. Qui a envie de travailler dans ces conditions ? Qui a envie de recruter dans ces conditions ? Vous vous voyez vous à un entretien dire : Alors je sais que je ne tiendrais pas le coup, mais ne vous inquiétez pas si je m'arrête une demi année, j'aurais  des aides ?
C'est un système vicieux et décourageant.
Alors oui la prochaine fois je demanderais un arrêt du lundi au dimanche (je ferais plaisir à la compta!) et le plus long possible quitte à faire un avenant, parce que non 3 semaines de salaire en moins sur un SMIC ça ne fait pas plaisir. (Bon même sur un non SMIC hein ça fait pas plaisir !)

Moi je veux bien qu'on me parle de volonté, de "quand on veut, on peut !" Mais là ?
J'essaye au maximum d'en demander le moins possible, de faire tout ce que je peux, d'être volontaire. Mais comment faire quand le système n'est pas aidant. Quand on gagne mieux sa vie en restant au chômage et en percevant des aides ? (J'ai fait le calcul et c'est pas du flan, c'est ce qui se passerait si Môssieur Briochette cessait son activité et moi aussi !) Quand on essayant de ne pas profiter du système, de ne pas creuser ce fameux trou de la sécu, on se fait empapaouté (ça faisait exotique ce mot c'était joli, non ?)

Après coup, je me dis que c'est peut être le vaudou du métro qui m'a jeté un sort, c'est peut être parce que je n'ai pas voulu lui montrer que je voulais et pouvais marcher... Allez savoir ? 

dimanche 30 avril 2017

“Sur l’apparence est bien fou qui se fonde.”



Nous sommes samedi soir, ou plutôt dimanche matin (il est 2h... Ouais j'écris la nuit moi je suis comme ça, je sors mon autre identité, mon moi intime quand le soleil est couché et que tout le monde dort paisiblement. Ca doit avoir un rapport avec ma vie de vampire...) et je m'interroge. (Le début de la phrase est loin mais en gros ça donnait : Nous sommes dimanche matin et je m'interroge... OUI effectivement j'aurais pu y aller direct, mais avouez que c'était moins drôle !)

Je m'interroge sur ce qui nous caractérise, sur les signes extérieurs qui font que nous sommes une personne ou une autre, sur les jugements que peuvent amener ces mêmes signes extérieurs. (Vous avez 4 heures, bon courage !)
En plus clair, (parce que je vois bien que je vous ai déjà perdu) : Qu'est-ce qui constitue notre identité aux yeux des autres ?

Depuis petit on nous apprend qu'il ne faut pas s'adresser à un adulte en costume-cravate de la même manière que nous nous adresserions à un enfant de notre âge.
Pourquoi ? Question de politesse et de respect de l'être ainé ? Le costume-cravate a t-il son importance ? Est-ce que l'on doit s'adresser différemment à un adulte en costard, qu'à un adulte en blouse blanche ou en bleu de travail ?
Je ne me souviens pas que l'on m’aie demandé de telles distinctions.
  La consigne était claire : si tu t'adresses à quelqu'un de plus âgé, tu vouvoies. Si tu t'adresses à quelqu'un quel qu'il soit, tu es respectueuse et polie.

Voilà, c'était tout.

J'avais une profonde admiration pour certains de mes maîtres et maitresses à qui je disais "tu". Et j'ai appris que le tutoiement n'était alors pas toujours une marque d'irrespect. 
Et puis à la fin du CM2 on nous prévient que désormais nous devrons vouvoyer nos profs et leur dire Monsieur et Madame. Ce n'est pas simple de comprendre pourquoi des personnes ayant le même métier passe à un statut différent... Et je me rappelle que la plus grosse crainte que nous avions en 6e était d'appeler un "prof", "maitre". (Non en vrai la plus grosse bourde c'était de dire "Papa" ou "maman" à un prof, là c'était compliqué. Bon si on entrait dans la psycho de bas étages on pourrait dire qu'on faisait des transferts et tout le blabla... En vrai c'est juste que quand on a 11 ans les mots qu'on dit le plus quand on veut quelque chose c'est ... c'est ? ... Oui papa et maman effectivement !) 

Bref on s'égare !

Je ne sais pas à quel âge on doit absolument vouvoyer le monde des adultes, je ne sais pas à quel âge on perd l'innocence de l'enfant qui pense que tout le monde est pareil et qu'il n'y a pas de distinction à faire entre la caissière du supermarché, le médecin de famille ou le président ! Mais ce qui est certain, c'est que nous sommes en tant qu'adultes aujourd'hui, absolument tous capables de savoir si notre manière de nous adresser à l'autre est appropriée, familière ou irrespectueuse. (Enfin normalement...En globalité quoi... Bah si ça ne vous viendrait pas à l'idée d'entrer à l’Élysée et de balancer : Hey François ça va ? Et julie ? Le scooter... ) (On peut se permettre cette digression parce que de 1) la politique en ce moment c'est LE sujet d'actu, petit 2) François a bientôt terminé son CDD alors il doit être un peu plus détendu sur la question, petit 3) Y a quand même peu de chances qu'il tombe un jour sur cet article). Breeeeef... Revenons à nos moutons.

L'exemple du costume-cravate n'était pas innocent. Je voulais entrer dans le cliché pour que vous ayez tous en tête l'image du trader, travailleur et propre sur lui. (Oui vous pouvez aussi imaginer le costard en fin de soirée arrosée, avec la cravate débraillée et le vomi sur le coin de la chemise... Mais c'est moins classe).
Si maintenant on remplace ce costume par un autre objet... Au hasard... Hum... Un fauteuil roulant ! (Je vous rappelle l'objet de mon blog ?) Allez vous la sentez venir la croustillante anecdote. Bon ok, je vous raconte  (mais c'est bien parce que c'est vous !)

J'ai passé quelques jours difficiles. Douleurs et fatigue au top niveau. (C'est pas pour me plaindre, c'est pour planter le décor).
Vendredi, j'avais besoin de sortir pour me rendre à la poste et à la pharmacie. (Que ma vie est palpitante) Sous la contrainte et poussée par les obligations, je chevauche mon fauteuil électrique et décide d'affronter le monde, ô combien sauvage et pénétrant, de la vie urbaine. (C'est beau hein ces envolées lyriques !)

Ayant accompli mon œuvre (c'est à dire poster mon arrêt de travail), je m'apprête à rentrer chez moi tout en téléphonant.

 En me dirigeant vers la sortie, j'aperçois une dame d'une soixantaine d'années,  boitant légèrement, tout en ayant les lèvres repulpées par la chirurgie esthétique. (Ceci n'est pas une information capitale, il est vrai... Mais le détail peut favoriser et stimuler votre imagination... Elle avait les cheveux teints couleur marron...C'est pour vous aider que je dis ça...Moi je m'en fiche hein je l'ai vu la dame !)

Je la laisse naturellement passer. (Rapport à ce qu'on a dit plus haut : la politesse, la courtoisie et le respect des ainés...).

C'est alors qu'elle se plante devant mon fauteuil, me regarde et lance :

"Vous avez de la chance d'être véhiculée hein, moi avec mes vertèbres c'est pas facile".
Je marmonne alors un "hum"...
La dame enchaine : " Ah c'est pas facile pour moi... Vous avez eu un accident ?'
Moi : "Non j'ai une maladie"
Ma mère : "Hein quoi ?" (Oui j'avais dit que j'étais au téléphone. N'ayant pas pu lui dire que quelqu'un me parlait (ce fut soudain), la pauvre ne comprenait pas non plus pourquoi je lui répondais ça alors qu'on échangeait sur un tout autre sujet)
Moi : "Attends y a une dame qui me parle..."
Ma mère : "Hein quoi ?"...
...
(Comment ? Pas toute la  conversation ? ok... Moi j'essaye juste de faire preuve de clarté... )

Bref la dame m'a demandé ce que j'avais.
Moi j'étais énervée parce que fatiguée, douloureuse et puis parce que FLUTE et REFLUTE à la fin. Du coup j'ai pas répondu, j'ai fait mine de ne pas l'entendre et j'ai essayé d'avancer sans l'écraser mais pour qu'elle se pousse.
Elle a continué de me parler alors que je n'étais déjà plus là.

Alors voilà j'en suis là avec mon costume-cravate-fauteuil. 
Clairement je sais que si j'avais été bien portante, sans signe extérieur de déficience, personne ne serait venu me demander si j'avais une maladie, un accident, ou la chance de pouvoir marcher. PERSONNE.

Avec le fauteuil, en quelques jours, on m'a déjà demandé 3 fois si j'avais une maladie, une sclérose en plaque ou eu un accident. On s'est permis de me tutoyer là où jamais on ne l'aurait fait si j'avais été valide. Je peux le dire, j'expérimente les deux au quotidien.

Alors je repose la question, qu'est-ce qui fait qu'avec l'apparition d'un signe extérieur de déficience, on se permette des choses qu'on ne ferait pas "avec le commun des mortel" ? Est-ce que ce signe là signifierait une faiblesse de ma part ? Une aptitude moindre à un être une adulte "accomplie" ? La visibilité d'une déficience veut-elle dire qu'on est plus "faible" ? La faiblesse entrainant une sorte de maternage excessif ? Comme s'il n'existait plus aucun filtre...

Parfois quand je suis en fauteuil et que je suis avec quelqu'un d'autre on ne s'adresse pas à moi directement, on donne le ticket de caisse à la personne qui m'accompagne alors que c'est moi qui ai payé. On pose la question à mon accompagnateur au lieu de me demander directement quelle taille je fais ou si je préfère le rouge ou le bleu. On dit "elle" devant moi. On sur-articule. On me tutoie. On me demande si j'ai une sexualité entre deux portes d'ascenseur... (Si si, rappelez vous ici. Euh petite précision pour les plus vicieux d'entre vous, c'est la question qu'on me pose entre deux portes d'ascenseur... Pas si j'ai "une sexualité entre deux portes d'ascenseur"... Là ça deviendrait complètement tordu !)

Je reste persuadée qu'il y a des "tu respecteux" et des "vous irrespecteux", et que la politesse n'entre pas toujours en jeu dans le vouvoiement. Mais je dois avouer que ça me gêne de voir qu'en fauteuil ou debout je n'ai pas les mêmes traitements. J'aimerais qu'on me traite toujours de manière semblable. Je ne mérite pas d'être traitée en présidente lorsque je suis debout, et tel un enfant une fois en fauteuil.
Car au final, une fois assise j'ai cette sensation désagréable d'être infantilisée. Et de me retrouver comme lorsque j'avais 5 ans, et que le moindre inconnu s'adressait à moi en disant "Oh elle est mignonne, elle a quel âge ? Et qu'est-ce qu'elle a sur la joue ? Une vilaine griffure de chat ?" (Non en vrai c'était un coup de hache mais bon ça c'est un autre sujet...Comprendront qui auront les références mais c'est une histoire vraie) Parce que si je me permets de m'adresser à vous, comme vous vous adressez à moi, de m'immiscer dans votre sphère intime qu'est-ce que vous diriez vraiment ? Est-ce que ça choquerait, si dans le métro je m'approchais de n'importe qui en disant : infection urinaire ? Je connais... C'est pas facile... Elle veut un conseil ?
Parce que la finalité (en caricaturant à peine) est la même dans mon esprit...

Et du coup si je m'habille en tailleur, talons dans mon fauteuil ? Ca annule ?  (C'est juste pour savoir...)

mardi 4 avril 2017

Le jour où je me suis souvenue que j'étais handicapée !





Je sais que vous avez eu un peu de lecture cette semaine mais je ne peux pas ne pas vous raconter (c'est pas facile comme phrase, mais on est en fin de journée, début de soirée, et j'ai le débat politique (mais c'est pas moi que ça intéresse) en fond sonore alors je suis sûre que vous me pardonnerez...) les quelques jours qui viennent de s'écouler. 

En ce moment mes genoux ne sont pas coopératifs. (C'est leur droit mais bon moi en attendant, ça ne me simplifie pas la tâche). Du coup mon ami le fauteuil est de retour ! Et j'avais oublié Ö combien c'est fatiguant d'être en fauteuil. Alors je vous emmène dans mon petit monde à roulettes. 

Jeudi :

Comme tout un chacun j'ai besoin (parfois) de faire des courses. Oui ce n'est pas palpitant mais nécessaire. Je me rends donc dans mon magasin de proximité pour effectuer cette tâche ingrate. Je n'achète que quelques bricoles, en sachant que les grosses courses se réaliseront deux jours plus tard en compagnie de môssieur Clochette.

Alors je vais passer sur le côté non pratique des rayons et sur ce choix stratégique de placer les meilleurs aliments (en tous cas ceux dont j'avais besoin ) derrière un poteau... Mais pourquoi tant de haine ? Est-ce que vous trouviez trop facile de nous obliger à faire des créneaux pour atteindre certains rayons, qu'en prime vous avez eu une folle envie d'ajouter des obstacles ? Mon choix se restreignait de plus en plus, puisque les rayons les plus en hauteur et ceux les plus bas m'étaient inaccessibles. (Il y a une étude qui dit que le consommateur préfère les produits au centre des rayons... Mais on fausse les résultats là non ?)

Bref ! Mes roues et moi, on a décidé qu'il était grand temps de se rendre à la caisse. J'ai opté pour la caisse prioritaire non pas pour y passer plus rapidement mais surtout parce que ces dernières sont plus basses et plus larges que leurs voisines.
Je me place derrière deux personnes. Le monsieur devant moi me demande gentiment si je souhaite passer, je réponds par la négative et le remercie. Il insiste, je fais de même toujours très poliment. (J'ai pas de jambes toujours fonctionnelles mais il m'arrive d'avoir une opinion, un avis et du caractère). 
Soudain (Attention élément perturbateur, comme quand on était petit !) la caissière m'aperçoit. 
Elle me lance : (Oui bon ben vous avez l'habitude maintenant, vous le sentez venir le dialogue n'est-ce pas)
- Venez ! 
-  Non merci c'est gentil, le monsieur m'a proposé.
- Si venez ! 
- Non vraiment, c'est très gentil mais le monsieur n'a que deux articles, ça va aller, vraiment vraiment. (Oui j'ai dit autant de "vraiment" mais je le pensais alors bon...)
- Mais ! Vous êtes prioritaire ! 
- Oui je sais, mais ça va là. (Et si on pouvait passer à autre chose parce que ça me gêne qu'on fixe l'attention sur moi alors que je n'avais rien demandé à personne, et puis aussi parce qu'au final tout le monde aurait déjà été encaissé si on ne tergiversait pas depuis 5 minutes...)
- Mais enfin ! Je vous dis que vous êtes prioritaire alors venez ! 
J'ai craqué... J'ai essayé de résister poliment mais là ça commençait à me courir alors j'ai répondu :
- Etre prioritaire ne veut pas dire être obligée. Si je vous dis que ça va c'est que ça va, c'est très bien de faire attention aux priorités mais c'est bien aussi de respecter mon choix... 

Le monsieur devant moi a rigolé, la caissière a grommelé et elle a finalement abdiqué. 
Je ne suis pas super fière d'avoir formulée cette réponse mais ma patience est (aussi) limitée. La priorité j'en ai besoin quand je suis débout justement et qu'on ne le voit pas. Et ces fois là personne n'insiste pour me laisser passer (au contraire même). Et je déteste qu'on me force la main. Etre attentif c'est très bien, proposer aussi, mais qu'on m'oblige à prendre une priorité non. Ce n'est pas comme ça que ça doit fonctionner. Non je n'ai pas envie que vous preniez mes courses dans le panier sans me demander pour les placer sur le tapis parce que vous avez l'impression de me rendre service (oui c'est arrivé aussi cette semaine), non je n'ai pas envie de passer devant tout le monde si je sens que je peux tenir encore largement sur mon fauteuil.

Alors la caissière elle n'a pas dû super bien le prendre parce que mes articles elle n'a rien fait pour qu'ils descendent jusqu'à moi après, au contraire même. Une petite revanche sûrement ? Tant pis... 

Vendredi : 

Direction une boulangerie de quartier non accessible mais pour laquelle j'avais repéré une sonnette spéciale... Une pour L' "handicapé" qui veut appeler une "rampe"depuis l'extérieur. Je décide de tenter, enfin un commerce qui vise l'accessibilité et ça, ça fait plaisir. Fébrile, j'appuie. Rien. Je retente. Rien. Seule sur le trottoir j'attends.
Finalement la vendeuse (que j'aperçois) demande au client devant moi (mais lui était dans la boutique) de me demander ce que je veux. Le Monsieur fort sympathique commence son travail d'intermédiaire. 
- Mademoiselle, vous voulez quoi ? 
- Euh une baguette... Blanche s'il vous plait.
- (A la vendeuse) Elle veut une baguette... Bien cuite ! 
- Haha ! (La bonne blague, ah non non par contre c'était sérieux ?) Non non blanche !
- Ha pardon, elle a dit blanche la baguette. 
La vendeuse : Ok, elle veut autre chose ?
Le client :  Vous voulez autre chose ?
Moi: Euh... Non.
Le client : Non ! 
La vendeuse : 90 centimes ! 
Le client : 90 centimes ! 

Un vaudeville n'aurait pas été plus comique ! J'ai donc payé au client qui a été donner ma monnaie et qui m'a ramené ma baguette. Ils font des rampes superbes maintenant, ça ressemble vachement à un humain ! C'est bien ça a un côté plus... plus...

Oh puis je ne sais pas moi; que voulez vous que je vous dise si on en est encore là ?

Samedi matin : 

Avec môssieur Clochette on décide d'aller faire un peu de shopping. Direction un gros centre commercial. Nous arrivons dans une enseigne de vêtements sur deux étages. Pas d'ascenseur mais un élévateur (ce n'est pas la panacée mais c'est déjà très bien). Malheureusement ce dernier était inaccessible car un portant bloquait son entrée (je suis gentille j'ai fait une photo d'illustration).

 

 Alors oui, j'aurais pu demander si on pouvait décaler les vêtements pour que je puisse accéder.(Ou même m'en charger directement). Mais à dire vrai je ne suis pas certaine qu'il était en état de fonctionner car la porte était entrebâillée, et pour marcher (Haha, elle a dit "marcher" Marcel t'as vu ! En parlant d'un monte-charge pour des gens qui ne peuvent pas haha ! T'as vu Marcel ? ) ces petits bijoux de technologie attendent une aide humaine (en gros il faut rester appuyé sur un bouton tout le long de la montée et de la descente sans quoi vous restez pitoyablement arrêté en plein milieu... ce qui n'est pas franchement pratique ).

J'ai donc trouvé ça plus drôle de me poster au dessus des escaliers et d'attendre... Juste pour voir ! En tout 5 vendeurs sont passés devant moi, aucun ne m'a demandé si j'avais besoin d'aide. 

Alors oui je ne suis jamais contente, un jour je ne veux pas trop d'attention et le surlendemain un minimum, mais vous avouerez qu'il faudrait quand même trouver un juste milieu.
Du coup môssieur m'a envoyé des MMS depuis la cabine située à l'étage inférieur, pour partager avec moi ses trouvailles. C'est tout de même bien fait la technologie ! Dommage que personne n'ai jamais pensé à inventer un truc pour se rendre d'un étage à un autre sans passer par des escaliers... Ça c'eut été révolutionnaire !

Lundi et Mardi (Je regroupe par thème et non par jour sinon on ne va pas s'en sortir) :  

Bien entendu mon fauteuil me sert aussi à aller au travail (ben oui pour pouvoir générer des anecdotes en courses faut bien gagner sa croûte ! Enfin bien... Il faut quoi !) Et qui dit travail, dit trajets ! Et ça...
J'ai la chance de devoir prendre un métro et un bus. Un régal de chaque instant !
J'aimerais que l'on me présente le concepteur de l'accessibilité des transports. Quelle est l'idée de mettre des barres en plein milieu de l'unique entrée "accessible" ? Quel est le concept de placer dans le bus l'unique place réservée aux fauteuils, (mais aussi aux poussettes, aux bagages et tout autre objet encombrant) en angle droit sans aucun moyen de braquer ou contre braquer si une seule personne entre également dans le bus avec vous ? (Bon ok j'exagère, si deux personnes entrent...)
Les gens ne sont pas les plus conciliants avec ça et ont une image faussée du fauteuil. Ils pensent sans doute que j'ai l'âme d'un pilote... Mais non ! Je ne sais pas faire de loopings avec, je ne sais pas faire de figures incroyables. Et (notes pour vous même) si vous restez collés au fauteuil pendant que je me livre à une marche arrière périlleuse pour atteindre une rampe que le chauffeur oublie une fois sur deux de me dérouler, il y a de grandes chances que vous vous retrouviez avec des pieds en bouillis. (Car mon petit bolide pèse environ 150 kilos.)
Dans la même veine (pendant qu'on y est), non vous n'arriverez pas à le déplacer en tirant dessus, et non ça ne m'aide pas.(Car mon petit bolide pèse environ 150 kilos.) Enfin, je ne fais pas partie du mobilier urbain, il est assez désagréable de sentir un inconnu s'appuyer ou se servir de mon fauteuil comme d'une barre de métro. En équivalence c'est un peu comme si je m'accrochais au bras de mon voisin inconnu sans le prévenir... 

Le bus que je prends est souvent chargé le matin. Mais ce jour là particulièrement. Pas de chance, un jeune homme et son sac se sont placés sur le seul petit espace réservé pour les fauteuils. En me voyant je pensais qu'il se décalerait.. Raté. Je le regarde, il me regarde. Rien.

J'ai donc décidé de me mettre n'importe comment espérant le faire réagir... Mais non ! Et je n'avais pas envie de quémander, il n'avait clairement pas l'intention de faire preuve de bon sens... 

Le bus se remplit petit à petit et là un autre homme vient se "faxer" (il n'y a pas d'autre terme), entre le peu d'espace laissé entre mon fauteuil et la paroi du bus... Je sens que j'étouffe un peu... Assise, toute petite au milieu de tous ces gens inconnus... Mon espace n'est plus respecté, il est grignoté encore et encore. J'adresse à ma collègue un "Je vais galérer pour sortir"... Il rétorque "Mais non, je vais vous aider !" Mais m'aider à quoi ??? C'est un fauteuil électrique, à part en me laissant un peu plus d'espace il est impossible que vous puissiez m'aider. (Car mon petit bolide pèse environ 150 kilos. Je l'ai déjà dit ou pas ?)

Bref... J'ai galéré. Surtout que le chauffeur de bus a eu la merveilleuse idée de s'arrêter pile devant une poubelle pour descendre la rampe. Ca n'a pas marché. Il a redémarré. J'ai cru qu'il m'avait oublié (oui c'est possible ils l'ont déjà fait). Je l'ai alerté. (Aussi bien qu'on puisse le faire depuis la porte centrale, assise, sans aucun moyen d'apercevoir le chauffeur) Il a grommelé. Il s'est de nouveau arrêté... J'étais libérée.
Le soir, en prenant l'ascenseur qui menait au métro une dame est entrée avec ma collègue et moi-même. Sans un bonjour elle m'a dit " Sclérose en plaques ?" 
J'ai répondu non, et je suis sortie... 
Pourquoi ? Qu'est-ce qui intéresse dans ce que je peux avoir le temps d'un trajet d'ascenseur ? On ne se reverra jamais ! Est-ce que si j'avais dit oui, tu m'aurais dit " Oh pauvre petite, la nièce de la fille de ma voisine a ça aussi ?" ... Et ?? 
Et si j'avais dit non en développant, qu'est-ce que cela aurait changé ? 

Parce que je me suis dit que je n'avais pas suffisamment vécu de trucs fous dans ma journée j'ai été en ville. J'avais oublié le manque d'accessibilité des magasins. Sur les 4, aucun vraiment accessibles. Des rayons trop étroits, des gens trop cons (Ah non ça fait pas partie des critères ça ? Tant pis...) Des caisses, des cartons qui trainent... Exemple : (oui je suis tombée là dessus à l'ouverture de l'ascenseur, j'ai donc déduit que je ne devais pas descendre à cet endroit...) 

Puis à la caisse sur ça : (Elle était accessible avant qu'on y mette un portant à lunettes, un carton et un portant à roulette, et... un poteau ???)
 
 Ca laisse rêveur n'est-ce pas ? 

Bref je suis rentrée dans mon doux chez moi et j'avais mal à la tête. Là je me suis dit que si j'étais retournée dans mon commerce de proximité je l'aurais accepté volontiers sa priorité à Madame la caissière ! (Comme quoi tout est question de timing)











Enfin pour terminer cet article déjà bien trop long, je vais vous raconter l'histoire de ma vie au travail. (Enfin pas tout parce que quand même je vous aime bien et ça ne serait pas gentil de vous imposer ça). 

Ce matin avait lieu un petit déjeuner avec notre directrice générale. (Et j'ai vécu un moment d'anthologie) Je l'ai écouté raconter ô combien l'association avait de projets intéressants. Et ô combien le petit dernier l'était d'autant plus car il favoriserait l'autonomie des personnes handicapées tout en gardant un lien avec une équipe. Et que c'était important l'équipe pour des gens handicapés. Parce que quand on est handicapé on n'a pas d'ami. (Oui elle l'a dit) Et que si on voulait se faire des amis (je dis "on" parce que je me suis sentie concernée hein), ben on allait dans des lieux de passages, avec un pack de bières, et que ça se finissait dans des squats... Voilà. Ce sont ses mots... (Je vous laisse méditer là dessus, accepter ces mots avec bienveillance, toussa toussa...)
Ensuite, pour clore ces retrouvailles, elles nous a demandé à tous si nous avions des propositions pour améliorer la vie du siège. 
Au fond de moi j'ai pensé "un ascenseur qui marche". Ah oui je ne vous ai pas dit ? Je bosse dans une association accueillant un public en situation de handicap mais dont le siège n'est pas accessible. (JE vous avais dit que j'avais un grand sens de l'humour)
 Je suis obligée de faire le tour par un extérieur complètement défoncé (il avait peut être pas d'ami lui non plus pour finir comme ça). La salle dans laquelle se déroulait le petit déjeuner se trouvait au premier étage... Je suis donc montée avec ma canne (et le peu d'espoir dans ma poche).
Finalement les autres ont proposé : mettre en place un barbecue, des cours de taï-chi, de sport... 
Et puis quelqu'un a dit : Un ascenseur ? (Non ce n'est pas moi !) 
La réponse ne s'est pas fait attendre "Oh mais arrêtez avec cet ascenseur, je dépense 5000 euros pour qu'on l'utilise quoi ? Deux fois par an ? On en n'a pas besoin..."
Ah ben oui, après tout vous n'avez pas de salarié en fauteuil n'est-ce pas ? Pas d'usagers qui souhaiteraient venir sans doute quelques fois ? Pas de difficultés majeures en somme de ne pas pouvoir accéder à tous les étages du siège et notamment la salle de repas ? 
Oh mais suis-je sotte, je ne mange pas et en plus je n'ai pas d'ami... 

Allez un pack de bière et on en parle plus... Ah non je suis handicapée; l'alcool il ne faut pas c'est bien ça ? Alors un panaché fera l'affaire ! C'est ma tournée !...Et puis ben des Curly !